Selon le «Wall Street Journal», Zelensky a validé le sabotage du gazoduc Nord Stream, la présidence ukrainienne dément .sn

Le sabotage du pipeline russe Nord Stream en 2022 en mer Baltique a été validé au plus haut niveau à Kiev, affirme ce jeudi le «Wall Street Journal». Le président ukrainien aurait donné son feu vert avant de se rétracter à la demande de la CIA.
par LIBERATION et AFP
publié le 15 août 2024 à 14h34
(mis à jour le 15 août 2024 à 15h43)

L’étau se resserre. Selon le Wall Street Journal, qui se fonde notamment sur des sources militaires ukrainiennes, l’attentat à l’explosif dans les profondeurs de la mer Baltique a été mené à bien sous la supervision du commandant en chef de l’armée ukrainienne de l’époque, Valeri Zaloujny, et ce malgré un revirement en cours de route de Volodymyr Zelensky, qui avait demandé l’arrêt du projet.

Ces informations de presse surviennent au lendemain de révélations selon lesquelles l’enquête judiciaire allemande sur le sabotage s’oriente vers l’Ukraine, avec un mandat d’arrêt récemment lancé contre un plongeur professionnel de ce pays. La présidence ukrainienne a totalement démenti cette information. «La mise en cause de l’Ukraine est un “non-sens absolu”», a-t-elle dit ce jeudi à l’AFP. «Ces actions n’avaient aucun intérêt pratique pour l’Ukraine», a dit le conseiller présidentiel Mykhailo Podoliak, en réaction aux informations du Wall Street Journal. Selon lui, ce sabotage aurait «pu mettre un terme» à l’aide apportée à Kiev par les «partenaires européens». Il a en revanche qualifié d’«évidentes» les motivations de Moscou dans la destruction du gazoduc.

Selon le média américain, l’idée du sabotage a émergé en mai 2022 lors d’une réunion d’officiers, haut gradés et chefs d’entreprises ukrainiens, trois mois après l’invasion russe de l’Ukraine. Six personnes au total ont été directement impliquées dans cette opération pour un coût d’environ 300 000 dollars, le tout financé par de l’argent privé. «Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait initialement approuvé le plan, selon un officier qui y participait et trois qui en avait connaissance», dit le journal américain. «Mais après, quand la CIA en a eu vent et a demandé de l’en empêcher, il a ordonné de le stopper», poursuit-il. Or, Valeri Zaloujny, commandant en chef de l’armée ukrainienne à l’époque, a ignoré cet ordre et son équipe a modifié le plan initial, ajoute le journal.

Démenti de Zaloujny

Contacté par le WSJ, M. Zaloujny, qui a depuis été nommé ambassadeur pour l’Ukraine à Londres, a déclaré dans un échange par écrit qu’il n’avait aucune connaissance d’une telle opération et qualifié de «provocation» toute affirmation du contraire. Après le sabotage en septembre 2022 du gazoduc russe, M. Zelensky a demandé des explications à M. Zaloujny, selon le WSJ, citant trois personnes au courant de cet échange.

Ce dernier lui a répondu qu’il était trop tard, affirmant qu’il n’était plus possible de communiquer avec l’équipe du sabotage car tout contact aurait pu mettre en danger l’opération. «Il a été dit (à Zelensky, ndlr), c’est comme avec une torpille, une fois que vous l’avez lancée sur l’ennemi, vous ne pouvez pas la récupérer, elle continue jusqu’à faire boum», décrit un haut gradé, informé de cette conversation, cité par le WSJ.

Les médias allemands, qui ont révélé l’avancée récente de l’enquête judiciaire, sont eux beaucoup plus prudents sur l’implication des hautes autorités ukrainiennes et tendent au contraire à disculper le président Zelensky au moins. L’hebdomadaire Der Spiegel évoque en revanche une possible implication de Valeri Zaloujny.

Mise à jour : à 15 heures 42, avec le démenti de la présidence ukrainienne.